Si vous résidez en zone urbaine, à la campagne ou encore en montagne, vous avez certainement eu l’occasion d’apercevoir un hélicoptère de transport en vol ou d’entendre le bruit de son moteur. Ces machines qui suscitent l’admiration de beaucoup de Suisses, transportent divers matériels à proximité des chantiers de construction ou des zones difficiles d’accès. Le transport aérien par hélicoptère a toujours été indispensable dans l’espace alpin de notre pays et est devenu incontournable pour un grand nombre d’entreprises locales, ainsi que pour les particuliers. En effet, cette option est aussi bien un gain de temps que financier.

Pour en savoir plus sur le transport aérien en hélicoptère, Pilotesuisse a décidé de rencontrer Stéphane, un pilote confirmé, chef de base et instructeur de vol chez Swiss Helicopter ; une société disposant de quinze bases d’atterrissage à travers toute la Suisse, dont une à Épagny en Gruyères.

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>AS350B3, dit « Écureuil » sur la base d’Épagny en Gruyères<

Un jeudi, en milieu de matinée, Pilotesuisse a rendez-vous dans une zone résidentielle du centre-ville de Lausanne afin d’effectuer un transport héliporté. Mais, malheureusement, cette journée commence mal au niveau de la météo en raison d’un violent orage qui déferle sur la ville, ce qui complique passablement le travail d’ouvriers terminant l’assemblage d’une structure métallique ressemblant à une véranda. Peu après, des assistants de vol à Stéphane, nommés Gilles et David, arrivent sur les lieux pour sécuriser cette structure afin qu’elle puisse être héliportée en douceur, puis déposée sur le toit d’un immeuble adjacent en pleine rénovation. Il est important de mentionner que Stéphane n’atterrit en aucun cas avec sa machine, un magnifique AS350B3, dit « Écureuil » et fabriqué par la firme française Eurocopter, racheté depuis par Airbus Helicopter. Sa fonction en tant que pilote consiste à effectuer des rotations, c’est-à-dire des allers-retours avec du matériel, tout en prenant en compte, bien évidemment, le vent et le terrain qu’il survole. Quant à son équipe au sol, elle est en contact radio avec le pilote Stéphane et son rôle et de s’assurer que la charge fixée à l’hélicoptère est bien apte au transport. Le travail d’équipe est donc crucial entre le pilote et ses assistants de vol pour le bon déroulement des opérations.

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>Gilles et David  en contact radio avec l’hélicoptère de Stéphane avant son arrivée sur Lausanne<

L’orage est finalement passé et il est temps pour Stéphane de venir effectuer sa rotation au-dessus du chantier. En une dizaine de minutes à peine, l’Écureuil est sur place et le spectacle est bel et bien impressionnant. La structure métallique est enfin soulevée grâce à un câble appelé élingue ou long line en anglais, d’où est pendu un imposant crochet d’acier. En quelques minutes, la charge est déposée sur le toit de l’immeuble et le client, une régie immobilière connue, est pleinement satisfaite du résultat. C’est incontestablement un gain de temps financier et logistique pour l’équipe d’ouvriers travaillant à la rénovation de cet immeuble, car il aurait été impensable de transporter cet imposant élément par le biais d’un simple remonte charge donnant accès du toit.

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>La structure métallique est délicatement déposée sur le toit de l’immeuble<

La rotation de Stéphane est dès lors accomplie et il repart au loin avec son appareil. Mais la journée n’est pas finie ! Nous partons ensuite avec les assistants de vol, Gilles et David, à bord de leur camionnette en direction d’une zone industrielle proche de Nyon où deux bucherons, ayant mandaté les services de Swiss Helicopter, nous attendent patiemment. Cette deuxième mission consiste à déplacer plusieurs troncs d’arbres, préalablement coupés par l’équipe de bucherons, ainsi que des branches et des sacs semi-vrac contenant des centaines de kilos de terre. Toutes ces charges se trouvent en contrebas d’une clairière bordée d’un cours d’eau, rendant l’accès impossible à tout véhicule automobile.

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>Les troncs d’arbres, les branches et les sacs semi-vrac devant être déplacés en contre-haut de la clairière<

Une nouvelle fois, les assistants de vol s’empressent de sécuriser les diverses charges pendant que la météo est encore clémente. En quelques minutes, l’appareil de Stéphane est au-dessus de nous et va effectuer plus d’une dizaine de rotations, cette fois-ci,  afin de dégager entièrement ce terrain peu accessible de tous encombrements et cela en une petite vingtaine de minutes.

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>L’Écureuil effectue une série de rotations au-dessus de la clairière<

Une fois la mission accomplie, l’Écureuil part se poser dans un champ agricole à plusieurs kilomètres et nous allons récupérer Stéphane pour entamer une pause de midi bien méritée. Ces trois professionnels du transport aérien travaillent en équipe et sans relâches depuis 7h00 du matin et l’Écureuil a effectué, au final, une vingtaine de rotations durant cette matinée. Malheureusement, vers 13h00, la météo se dégrade rapidement et s’acharne à nouveau sur la région. Un second violent orage s’abat au-dessus de nous, forçant Stéphane et son équipe à attendre au sol (grounding), car il serait impensable de décoller sous cette pluie battante. Après environ une heure d’attente, le ciel se dégage enfin et nous prenons à nouveau la direction du champ agricole où l’hélicoptère s’était posé. Gilles et David remplissent les réservoirs de l’Écureuil de kérosène grâce aux réserves stockées dans leur camionnette permettant ainsi à l’appareil de rejoindre sa base en Gruyères. Gilles, de son côté, se porte volontaire pour ramener la camionnette par la route.

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>Remplissage des réservoirs de l’Écureuil avant son décollage en direction de la base d’Épagny<

Nous nous envolons donc en direction de la Gruyères en passant par la Côte, puis changeons de cap sur les hauteurs de Lausanne. En ce qui me concerne, c’est mon baptême de l’air en hélicoptère et le paysage qui défile en-dessous est de toute beauté. Arrivé sur la base de Swiss Helicopter, Stéphane entame le débriefing de sa journée de vol. Un peu plus tard, il nous rejoint pour nous parler plus en détails du métier de pilote d’hélicoptère et plus particulièrement du transport aérien en Suisse.

Stéphane nous dit fièrement qu’il est devenu pilote d’hélicoptère parce que c’est une passion qu’il entretient depuis son plus jeune âge et que ce rêve particulier, il souhaitait le réaliser en y faisant son métier. Il nous confie que pour entamer une formation de pilote d’hélicoptère, il est nécessaire de devenir pilote privé dans un premier temps, puis de s’orienter vers une licence commerciale, suivi d’une formation en montagne, même si celle-ci n’est pas requise par l’Union européenne. Il est important de relever que le territoire suisse étant majoritairement montagneux, une formation en montagne reste une exigence dans le transport aérien. C’est en évoluant dans un environnement alpin que l’on acquiert les bons gestes pour devenir un pilote aguerrît. Par exemple, dans les Alpes, les vents changent rapidement selon les reliefs, tandis que les repères visuels comme les points de référence font souvent défauts, cela en ajoutant une météo souvent imprévisible en altitude. D’après Stéphane, piloter en montagne reste donc la meilleure formation de vol, car un pilote apprendra à connaître les limites de sa machine dans un environnement contraignant, voir hostile.

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>Les appareils de Swiss Helicopter sont nettoyés et inspectés en fin de journée<

Par la suite, Stéphane nous confie qu’un élève a aussi la possibilité de suivre une formation au sein des forces aériennes suisses pour devenir pilote militaire, tandis que d’autres, comme lui, qui ont suivi un apprentissage extérieur, suivront une formation privée en parallèle, certes onéreuse, en se formant chaque week-end. En ce qui concerne le parcours professionnel de Stéphane, il a effectué un apprentissage en tant que ferblantier avant de devenir pilote privé, puis pilote professionnel formé pour le transport et instructeur de vol des années plus tard. Stéphane souligne aussi l’importance de la mobilité afin d’obtenir un poste dans cette profession. La motivation est aussi un facteur important de réussite, malgré l’obtention de diverses licences. Il est d’ailleurs recommandable de ne pas concevoir cette formation comme un investissement avec un retour financier, mais plutôt d’y songer en terme d’investissement personnel. Au final, avec un peu de chance et de la persévérance, cela peut déboucher sur un magnifique et passionnant métier.

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>Une autre prise de vue des appareils de Swiss Helicopter avec le magnifique Château de Gruyères en arrière-plan<

En tant que professionnel du transport aérien, Stéphane estime que les qualités d’un pilote doivent être les suivantes :

  • La patience est la remise en question de soi-même, malgré l’obtention des licences requises.
  • L’analyse du risque car c’est un métier à risque pour le pilote et autrui.
  • Disposer de bonnes capacités cognitives.
  • Etre par nature, une personne réfléchie qui sait dire « non » au moment opportun, car les conséquences d’un accident sont irréversibles.

Une journée ordinaire en tant que pilote de transport aérien commence à partir de 6h00, et peut se terminer tard, car cette profession est dépendante de la météo. Etre aux commandes d’un hélicoptère n’est certes pas routinier et c’est tout l’intérêt d’une telle profession. Par exemple, le programme d’une journée peut aussi varier en fonction du client, du lieu et du matériel à transporter. Il est recommandable d’être un « bosseur dans l’âme » et avoir l’envie de travailler comme un ouvrier de chantier, tout en prenant les bonnes initiatives selon la mission du jour.

Pour conclure, Stéphane insiste que le transport aérien a aussi bien sa place en milieu urbain qu’en milieu alpin ; c’est assurément un gain de temps, tout comme un gain financier pour les clients qui mandatent ce genre de service. L’écureuil est capable de transporter tout type d’objets ou de matériels de construction, mais il y a aussi certaines limites quant aux formes soulevables en rapport à leur prise au vent. Il est aussi plus simple de faire appel à un hélicoptère de transport que d’assembler une grue dans une zone urbaine à forte densité. En mandatant les services d’un transporteur aérien, un chantier de construction sera plus rapidement libéré et utilisable.

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>Bulle spécialement aménagée permettant au pilote d’observer sa charge en contrebas<

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>Large rétroviseur monté sur une armature métallique offrant un second angle de vue au pilote de sa charge<

Cependant, les lois européennes, régulant l’espace aérien dans les grandes villes et leurs agglomérations, deviennent de plus en plus contraignantes. Heureusement, la Suisse reste encore l’un des seuls pays européens à autoriser l’utilisation en milieu urbain d’hélicoptères monomoteurs tel que l’AS350B3, dit « Écureuil ». Cela n’est pas anodin, car le transport aérien est effectivement une nécessité pour la Suisse et sa topographie montagneuse et facilite l’accès aux zones difficilement atteignables.

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>De gauche à droite : David l’assistant de vol et Stéphane pilote d’hélicoptère en transport aérien<

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>L’assistant de vol Gilles devant un des véhicules utilitaires de l’entreprise<

Pilotesuisse tient à remercier toute l’équipe de Swiss Helicopter pour sa disponibilité, ainsi que pour sa coopération et en particulier Stéphane et ses deux assistants de vol, Gilles et David, pour leur accueil et pour nous avoir fait partager leurs passionnants métiers.

Pour plus d’info, veuillez cliquer sur les liens suivants :

Swiss helicopter – Le transport aérien

Swiss helicopter – Base d’Epagny