Le ciel pour tous ? Voici l’un des slogans entreprit il y a quelques années par les compagnies low cost afin de démocratiser le ciel et en faire l’une des voies principales de communication entre pays et continents. À ce jour, plus de 28% du trafic aérien est assuré par une compagnie à bas coûts, soit plus de 3,7 milliards de passagers transportés en 2016.
Aujourd’hui, une autre idée fait parler d’elle : l’idée d’organiser du coavionnage afin de rendre encore plus accessible les régions ou autres aérodromes de petite envergure.
La plateforme Wingly, un concept intéressant
Avec plus de 300’000 pilotes privés en Europe, Wingly a eu l’idée de lancer une plateforme permettant de réunir tout pilote souhaitant partager sa passion avec des intéressés voulant s’offrir la troisième dimension.
En effet, après avoir terminé leur formation, les pilotes sont autorisés à entreprendre des vols passagers dans un cadre privé, à savoir : un vol de plaisance sans rémunération. Ceci représente l’une des restrictions liées à la licence de pilote privé (PPL). Comme vous pouvez l’imaginer, l’aviation a un coût. Bien que la formation de base soit accessible, les heures de vol suivant la PPL peuvent parfois être un obstacle à certains pilotes, notamment les jeunes qui souhaitent devenir professionnel. Cette phase, dite de ‘mûrissement’, exige de l’aspirant qu’il réunisse un nombre d’heures minimal donné pour valider son accréditation suivante.
Lors du mûrissement, tous les moyens sont bons pour trouver des passagers et réduire ses coûts ; en commençant par sa famille ou ses amis, en passant par des cadeaux d’anniversaire etc… En plus de ça, si l’on est bon vendeur, il devrait être possible de s’assurer quelques vols financés par ses proches. Une fois le tour de son cercle social terminé, il est parfois difficile de maintenir son expérience de vol et c’est justement là que Wingly fait fort : il offre la possibilité à un pilote d’annoncer, via la plateforme, des prestations de vol privé à quiconque souhaite s’offrir une ou deux heures de vols.
Wingly légal ou non ?
L’offre sur le papier est alléchante certes, mais qu’en est-il réellement ? Pilotesuisse a enquêté et en a conclu quelques points positifs et négatifs.
Les points positifs :
- Le pilote est vérifié, à savoir qu’il ne peut pas proposer de vol sur le site sans avoir envoyé au préalable ses documents et licences de vol ainsi que prouvé par ses heures qu’il est autorisé à voler à titre privé et seul. C’est un gage de sécurité important.
- Le pilote se responsabilise en signant divers documents ainsi qu’une charte de bonne conduite. Nous estimons cette étape importante dans le cas d’un jeune qui se sentirait « seul » et « non encadré » une fois sa licence terminée.
- Le coût du vol est réduite pour le pilote en formation. Toute aide pour la relève du personnel technique navigant est bonne à prendre.
Les points négatifs :
- En cas d’accident, c’est l’unique assurance RC du pilote qui est engagée. Une aide de Wingly n’est possible qu’en cas d’insuffisance de garantie et cette aide ne couvre en aucun cas les dommages liés à l’aéronef. Il est donc primordial de s’informer suffisamment en amont et de partir du principe que seul le pilote est responsable en cas d’accident. À noter que les pilotes d’hélicoptère ne sont pas couverts par la plateforme internet.
- Les paiements sont faits en ligne par les passagers et une commission est bien entendue perçue par Wingly. Nous nous demandons comment la plateforme vérifie les frais d’un vol. Il pourrait être donc facile pour un pilote malhonnête de gonfler le prix de son vol. À ce jour nous n’avons pas eu l’occasion de procéder à des vérifications si, en effet, une personne comparait les factures.
- En offrant la possibilité de voler à quiconque le souhaite, le pilote s’expose à n’importe qui. L’idée part d’un bon sentiment mais peut vite s’avérer compliquée à gérer dans le cas d’un passager mal renseigné, furieux, en mauvaise santé et/ou exigeant un service professionnel. Nous mettons en garde les pilotes : vous êtes maître à bord de l’appareil et ne vous laissez pas non plus entrainer par vos passagers dans des pratiques dangereuses ou illégales pour leur plaisir.
En conclusion, Wingly est une plateforme pratique pour celles et ceux, notamment les jeunes, qui souhaitent réduire leurs coûts dans le maintien d’une licence ou lors d’un mûrissement tout en partageant sa passion pour les cieux et les sensations verticales. La mise en relation est facile et ludique. Cependant, il est important de rappeler que le vol est privé et que le pilote n’est pour la plupart du temps pas un professionnel avec plusieurs milliers d’heures de vol à son actif puisqu’une PPL s’obtient avec un minimum de 45h. Du fait que le vol n’est pas commercial, il n’y a pas d’assurance réellement efficace pour protéger un pilote lors d’un accident. Un potentiel passager blesser pourrait facilement se retourner contre lui pouvant éventuellement affecter la suite de sa carrière. Selon nous, l’idée est intéressante et permet de créer ce lien pilote-passager privilégié mais il est important que chacun soit conscient des enjeux réels pouvant intervenir lors d’un vol.
Source: Bilan.ch