Les avions civils ne sont pas les seuls à être guidés par des contrôleurs aériens. Les aiguilleurs du ciel gèrent également le trafic militaire dans toute la Suisse ; à ce titre, ils sont actifs dans les aéroports militaires de Payerne, Meiringen, Emmen, Alpnach, Sion et Dübendorf ainsi qu’à la « centrale d’engagement », qui gère notamment les missions de police aérienne, de reconnaissance ainsi que la conduite d’exercices de combat.

Pour se faire une idée des activités sur un aéroport militaire, nous avons suivi Marc, contrôleur aérien à Payerne. Depuis la tour de contrôle, il nous présente brièvement les caractéristiques de la base aérienne et de sa piste, de plus de 2’800 m de long : « la plus grande piste de Suisse après Zürich et Genève ». Particularité d’un aérodrome militaire, des filets et des câbles d’arrêt sont disposés à chaque extrémité de la piste, destinés à immobiliser un avion de chasse en cas d’urgence lors du décollage ou de l’atterrissage, et sont déployés ou rétractés en fonction de la situation et du type d’engin par le contrôleur.

FA18

>Formation de F/A-18 au décollage<

L’activité est soutenue à Payerne en cette après-midi de juillet ; on compte de nombreux mouvements de F/A-18 et de F-5, les jets de l’armée suisse, mais également des PC-21 dans lesquels sont formés les futurs pilotes de chasse, ainsi que plusieurs hélicoptères. « Sur un aérodrome militaire, la plupart des avions partent en mission ou en entraînement en même temps, puis reviennent aussi en même temps après leur mission, aux règles de vol à vue quand la météo le permet. Cela peut donc donner une charge de travail conséquente car la plupart des avions vont survoler l’aérodrome en faisant ce que l’on appelle un circuit, avant de venir poser, et non pas directement atterrir comme sur un aéroport civil. C’est l’une des particularités militaires. » En outre, il est possible que certains fassent encore un touch-and-go avant l’atterrissage complet, ce dont il faudra également tenir compte en plein pic d’arrivées.

PC-7

>De nombreuses activités particulières ont lieu sur un aérodrome militaire, telles que les entraînements du PC-7 team et de la Patrouille suisse<

Trois aiguilleurs se partagent le travail dans la tour de contrôle, en tournus d’environ 2 heures. Le poste le plus exigeant est bien entendu celui dont la responsabilité est de donner les instructions aux pilotes sur la fréquence radio et de prendre les décisions pour séparer les différents avions et établir une séquence. A ses côtés, deux autres contrôleurs ont chacun des tâches annexes définies. L’un s’occupe de toutes les coordinations avec les autres postes de contrôle. « Lorsqu’un avion militaire décolle selon les règles de vol aux instruments, il sera pris en charge après le départ par un contrôleur qui le guidera à travers les couloirs civils, où transitent les avions de ligne. Le coordonnateur est donc en communication avec les autres secteurs et les informe du trafic géré par la tour de contrôle, prêt au départ de Payerne, mais aussi des conditions météo pour les arrivées, les retards, les situations spéciales sur l’aéroport, etc. »

Parmi les autres responsabilités incombant à la tour, on trouve notamment la gestion des véhicules circulant sur l’aérodrome, ainsi que le piquet de sauvetage (pompiers). Ces derniers ont d’ailleurs été sollicités en milieu d’après-midi. Un PC-21 a heurté un oiseau lors du décollage et a déclaré une urgence pour revenir atterrir, par précaution. Les véhicules du feu sont guidés par Marc, qui doit coordonner avec ses collègues pour s’assurer que les autres avions au sol soient stoppés afin de laisser la priorité aux véhicules. « L’important est que les pompiers soient en place et prêts à intervenir pour l’atterrissage de l’avion concerné. » Tout se passe finalement bien et l’avion rentre sans problème au box pour contrôle, mais le travail n’est pas terminé pour les aiguilleurs qui doivent encore envoyer un véhicule contrôler la piste et la débarrasser du cadavre de l’oiseau, qui pourrait constituer un obstacle dangereux pour les autres avions. Ce n’est qu’après cette ultime vérification que le trafic peut reprendre.

FA18 taxi

>Des F/A-18 pendant le roulage<

Et que se passe-t-il en dehors des pics de départs et d’arrivées ? « Un certain nombre de pilotes sont en formation, et vont donc effectuer différents entraînements entre les pics de trafic, tels que des approches à vue et aux instruments, mais aussi des acrobaties et des simulations de panne moteur. A cela, il faut ajouter les hélicoptères qui effectuent du transport de charge, ou qui entraînent des unités d’intervention de police à l’hélitreuillage à différents endroits de la base aérienne. On peut donc facilement comprendre l’importance et la responsabilité du contrôle aérien, lorsque ces mouvements particuliers ne sont pas encore terminés et que les différentes patrouilles de jets rentrent de leur mission… » En outre, des avions civils atterrissent et décollent également à Payerne et leur nombre est appelé à augmenter dans un futur proche. Il s’agit exclusivement d’aviation d’affaires, pour des entreprises implantées à proximité de l’aéroport.

A310

>Décollage d’un Airbus A310 du Gouvernement allemand lors d’une visite d’Etat<

Outre la tour de contrôle, d’autres secteurs sont dévolus au trafic aérien de Payerne. « Le travail sur un aéroport militaire est donc très varié, car la façon de faire est un peu différente selon que l’on se trouve devant un écran radar ou dans la tour de contrôle, les procédures ne sont pas toutes les mêmes. » L’un des autres secteurs est dévolu au transit des avions militaires au sein des corridors civils, et un autre est dévolu aux arrivées aux instruments ainsi qu’aux approches de précision, où le contrôleur indique en continu au pilote s’il dévie de son axe et de sa pente d’approche. Un poste de superviseur, chef d’orchestre entre les différents postes de contrôle, complète la liste.

Quelles sont les exigences pour devenir contrôleur aérien sur un aérodrome militaire ? « La formation de base est identique, les exigences sont donc les mêmes que pour tout contrôleur aérien, avec bien sûr un intérêt pour les activités militaires, ainsi qu’une capacité à prendre des décisions rapidement… vu la vitesse de certains avions. Dans tous les cas, l’environnement de travail est absolument passionnant !  »

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